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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 23:41

 

 

New York, le 1 janvier 2013

 

Monsieur Barrack Hussein Obama

Président des États-Unis

En son bureau

 

 

Monsieur le Président,

 

Puisque dans la tradition présidentielle, les personnes réélues ont tendance à rectifier les erreurs survenues au cours de leur premier mandat, j’attire votre attention sur la situation haïtienne sur les années à venir.

 

En effet, au cours de votre premier mandat, votre administration a traité la crise haïtienne avec légèreté. Parmi les manquements, on note le retour de nos anciens dictateurs et la dilapidation du trésor public. Je ne vous rendrais pas responsable en partie de ces dérives, si Haïti ne portait pas une tutelle internationale, que votre bureau avait tranché autrement.

 

Convoitant le titre de champion de la liberté des peuples, l’Amérique a évincé des dictateurs qui pourtant apportaient l’évolution sociale, la prospérité économique et la stabilité politique à leur peuple.  Tandis que nos anciens despotes, en l’occurrence Jean-Claude Duvalier et Jean Bertrand Aristide sont autorisés à retourner en Haïti en dépit des millions volés et des villages de tombeaux érigés. Le Moyen Orient gît à plus de treize heures de vol des côtes américaines, Port-au-Prince, à moins de quatre heures de Washington.

 

Cette louche transaction, à savoir, le retour de nos anciens tortionnaires, d’anciens narcotrafiquants, qui avaient laissé auparavant avec un demi milliard de dollars, au moins, chacun, soulève de grands questionnements. Combien ont-ils payé leur billet de retour ? Qui les en ont vendu ?

 

Incapable de répondre directement à ces questions, je me réfère à la sagesse populaire laquelle nous enseigne que l’injustice engendre l’injustice. Peut-on reconstruire Haïti en rouvrant les anciennes blessures ? Une société n’est pas un troupeau, mais un héritage de valeurs, de qualités et de distinctions qui placent l’homme au dessus de l’animal. Ces mauvais exemples aggravent la situation politique, institutionnalisent l’impunité et la corruption. 

 

Souvenez-vous que depuis soixante ans, on persécute les valeurs haïtiennes : intimidation, expropriation, torture,  exil, exécution. Voilà pourquoi qu’il ne reste que de bouffons, de vauriens, de malandrins, de chenapans, de scélérats, de charlatans, de vendus, des cultivateurs et de sous-primaires sur la scène politique nationale. L’impunité est un second affront fait aux survivants, un second assassinat réservé aux martyrs. Sur ce point, votre premier mandat s’apparente au déclin de la justice, au triomphe de l’injustice.

 

Laissant l’impunité pour aborder le dossier du gaspillage. Pour estimer les fonds dilapidés, j’utilise comme étalon l’Université de Limonade, don de la République Dominicaine aux Haïtiens après le tremblement de terre de 2010,  dont le coût s’élève à $50.000.000 US.

 

Avant le séisme, vous étiez en charge quand le gouvernement de René Préval a détourné en deux occasions des fonds de Pétrocaribe d’une valeur de $197.000.000 US et $166.000.000 US ajoutés aux $200.000.000 US versés pour les sinistrés de l’inondation des Gonaïves. Ce cambriolage historique est estimé à onze (11) fois le coût de l’Université de Limonade. Après les élections, l’usurpateur s’est replié dans les hauteurs de Port-au-Prince pour contempler les joyaux de son sale butin.  

 

Toujours avant le séisme, The Clinton Global initiative avait amassé $350.000.000 US pour Haïti. C’est-à-dire sept (7) fois le coût de l’Université de Limonade. On ignore comment ce fonds a été dépensé. Aucun monument honorant les bailleurs pour leur probité ni de mausolée commémorant les victimes du tremblement de terre. Triviale, cette institution de bienfaisance a été très malfaisante envers nous.

 

Sur cette même lancée, la MINUSTHA a dépensé $8.000.000.000.000 pour son maintient au cours de ces quatre dernières années. Ce budget représente cent soixante (160) fois le coût de l’Université de Limonade. Cette somme était amplement suffisante pour acheter la paix sociale au lieu de l’imposer par la force des baïonnettes. Étant institution, la paix dépend de l’intégration sociale, du  développement économique et de l’aménagement infrastructurel.

 

De plus, sous votre présidence, l’ex-président américain, Bill Clinton a été nommé émissaire spécial des Nations Unies pour Haïti. Pourtant, au cours de sa présidence notre pays a souffert les maux les plus cruels de son histoire quand le dictateur Jean Bertrand Aristide fut autorisé à retourner au pays, au pouvoir pour parachever son programme d’assassinats politiques et d’exportation de stupéfiants. En outre, l’importation du riz subventionné américain a forcé nos agriculteurs à abandonner les champs. Cette injustice met au chômage tous ceux qui vivaient de la rentabilité des rizières, soit un septième de la population haïtienne.

 

Peut-on confier la tâche de la reconstruction à l’auteur d’une telle destruction ?

 

Jusqu’ici, personne n’est au courant du montant des fonds collectés après le séisme ni la façon dont ils sont utilisés. Certainement, on trame un complot contre notre nation en nous empêchant d’avoir accès à la modernité : de vastes universités, de larges boulevards, d’immenses parcs, de grands hôpitaux, de nombreux gratte-ciel. Ce passif génocide se poursuit avec l’aménagement de l’actuel marécage, rendu plus sale, plus laid, plus malodorant.

 

Aux États-Unis, Michel Martelly, pour sa haute qualification, ne peut être que portier, message, nettoyeur, cireur de bottes ou surveillant de magasin. Autrefois, cet individu, ce clown pestilentiel ne serait même pas autorisé à passer devant le Palais national. Pourtant, il est élu Président de la République grâce aux bistouris de la communauté internationale. Ce gouvernement ! Pardon ! Cette fanfare est célèbre pour ses carnavals, ses gaspillages furieux auxquels s’associent les membres de la famille présidentielle dont certains sont impliqués dans les enlèvements. 

 

Finalement, au cours de votre premier mandat,  Haïti a concédé un demi siècle de recul.

 

Aujourd’hui, nous misons sur le deuxième manche de votre magistrature.

 

Les rares initiatives haïtiennes se noient dans l’influence étrangère, quand plus de trois mille organisations non-gouvernementales siphonnent l’aide internationale. Certains directeurs de ONG gagnent $10.000 US le mois, quand un enseigne de cycle primaire touche moins de $200 US, soit cinquante fois moins. Puisant ses fondements dans l’injustice, la Reconstruction nationale ressemble à un vol organisé, parrainé par la mafia internationale.

 

Puisque les États-Unis représentent le plus grand contributeur de l’aide internationale à Haïti, leurs influences pèsent dans la balance des décisions.

 

Pour résoudre l’instabilité politique haïtienne, il faut trouver d’abord la cause de ce déséquilibre, la nature de cette panne.

 

La démocratie haïtienne accorde des droits absolus à la présidence, tels que piller, assassiner, chier.

 

Face à cette dérive, je préconise l’intronisation d’une réforme générale au pays laquelle tiendra compte de toutes les failles et les faillites constatées au cours des vingt cinq dernières années, soit pour ériger un « nouvel État », gage de la paix, du respect et la prospérité.

 

Je demande l’application urgente des principaux points de la réforme : décentralisation administrative, délégation partielle du pouvoir présidentiel, rehaussement du standard académique et professionnel dans la course aux postes électifs, diminution du nombre de sièges au Parlement, réduction des salaires faramineux dans le secteur public, création de tribunaux pour combattre la corruption, séparation du gouvernement de l’administration publique.

 

Ce plan nécessite l’avènement d’un gouvernement provisoire, pour une durée de deux ans. Mais après les élections, il faut accorder au moins cinq années supplémentaires au Bureau de la réforme pour qu’il puisse parachever le remodelage institutionnel.

 

Malheureusement, beaucoup de mes concitoyens ne vivront pas assez longtemps pour voir la fin de votre deuxième mandat, parce qu’ils sont exposés le jour à Katrina, la nuit à Sandy. Mais, que leurs enfants puissent jouir des retombées positives du changement.

 

En vous saluant, je souhaite le meilleur à la nouvelle présidence américaine.

 

 

 

Rony Blain

Fondateur de la nouvelle opposition nationale

Auteur du Guide de la réforme haïtienne

blainrony@yahoo.com

 

 

 

Cc : Conseil épiscopale d’Haïti, Université d’État d’Haïti, Cour de cassation, Parlement haïtien.

 

 

 

 

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